44

Le prince de Condé, et six de ses partisans, avaient quitté Agen occupé par ses troupes le 24 mars 1652, dimanche des Rameaux.

De tous, le prince de Condé semblait le plus endurant bien qu’il fût mince, presque efflanqué. La fatigue creusait son visage mais agrandissait ses magnifiques yeux bleus.

À ses côtés, le duc de La Rochefoucauld tenait difficilement à cheval, une crise de goutte le faisant terriblement souffrir.

Il fallait soutenir certains qui, comme le prince de Marsillac, s’évanouissaient en selle. D’autres étaient si épuisés qu’ils titubaient et s’effondraient en descendant de leur monture.

À chacun, le voyage qui menait d’Agen à Orléans paraissait interminable mais le prince ne voulait pas perdre un instant. Il savait la puissance qui se massait en bord de Loire : ses vieilles troupes du nord, grossies de l’armée recrutée par le duc de Nemours aux Pays-Bas, ainsi que les soldats de Gaston d’Orléans que menait le duc de Beaufort. Une force considérable. En frappant vite et avec grande violence, comme à son habitude, le prince de Condé pouvait espérer tailler en pièces l’armée royale. Alors, tout serait possible.

Ne s’arrêtant pas plus de deux heures aux très rares étapes, chevauchant de jour comme de nuit, le prince voyagea pourtant une semaine. Au bout, l’attendait l’éblouissante victoire de Bleneau qui mena la Fronde au zénith et fit chanceler grandement le pouvoir royal.

Jérôme de Galand, général de police du royaume, jeta un regard froid à la scène puis, de sa voix sèche, ordonna :

— Sortez-le donc de là !

Deux officiers en tenue civile tirèrent les jambes d’un corps engagé jusqu’à la taille en un four refroidi.

Ils n’en sortirent qu’une moitié d’homme, le tronc et la tête se trouvant totalement carbonisés ainsi que les bras et les avant-bras.

Deux mains se détachèrent de la cendre et tombèrent sur le sol, paumes ouvertes, comme celles d’un mendiant attendant des pièces, ce qui déclencha l’incontrôlable fou rire d’un jeune officier.

Galand le toisa :

— Allez rire avec nos chevaux !

L’homme quitta l’atelier tête basse, mais secoué de spasmes nerveux.

— Il est bien jeune ! plaida le lieutenant Ferrière qui avait déjà tenté d’expliquer au fautif le caractère de son chef lors de l’examen du corps de la jeune femme écorchée.

Galand balaya cette remarque d’un geste agacé et questionna :

— Il existe une veuve ?

— En effet. Elle a reconnu ce qu’il reste des vêtements et pareillement les galoches : il s’agit bien de son mari. Elle attend en l’appentis.

— Je la rencontrerai plus tard. Qu’y a-t-il à voir, ici ?

Ferrière hésita un instant, sachant comme son supérieur aimait qu’on en vienne vite au fait :

— Peu de chose, monsieur le baron. C’est un atelier de maître verrier.

Ferrière se demanda en quoi ses paroles pouvaient susciter un intérêt si brusque et si vif de la part de son chef. Le regard de Galand, un regard d’oiseau de proie, scruta chaque détail de l’atelier puis, toujours aussi sèchement :

— Retirez ces bottes de paille. Avec grand soin et délicatesse, il pourrait s’y trouver dessous matières fragiles.

Les policiers se mirent aussitôt au travail avec efficacité et prudence, ôtant les bottes de paille une à une sans se laisser gagner par la palpable impatience du baron.

— Il y a là quelque chose… C’est en verre et d’une toise ! dit un officier.

Bientôt on dégagea tout à fait une boîte de verre effectivement longue d’un peu moins d’une toise, large d’un pied et demi, profonde d’un peu plus d’un pied.

Les policiers se regardèrent, perplexes, mais Galand, qui semblait halluciné, ordonna :

— Voyez si la partie supérieure se soulève, comme il est probable.

Ferrière secoua la tête.

— La chose semble fixe…

Un léger – et bien rare ! – sourire se dessina sur les lèvres minces du baron de Galand.

— Eh bien je crois que vous avez tort, Ferrière, et qu’il s’agit plutôt là d’un couvercle.

Ferrière essaya de soulever la partie supérieure, en vain. Cependant, la plaque de verre ne lui sembla point coulée en l’ensemble et il se tourna vers un jeune policier qui suivait ses efforts :

— Gillain, avec vos longs et minces doigts de fille, essayez donc !

Glissant ses doigts habiles dans une fente très fine, le jeune homme leva sans difficulté la partie supérieure. Les autres l’aidèrent aussitôt.

Satisfait, Galand, les mains derrière le dos, se souleva à plusieurs reprises sur la pointe des pieds, faisant retomber ses talons avec un bruit sec. Il expliqua :

— Messieurs, c’est là cercueil de verre, chose en vérité bien singulière. Cependant, cette merveille n’est point destinée à recevoir le corps de quelque princesse défunte mais celui d’une de ces pauvres femmes qu’un fou écorche, et sans doute vives !

Les hommes regardèrent le cercueil avec une légère répulsion mais déjà, Galand ne les laissait point souffler :

— Messieurs, dehors !… Vous, Ferrière, vous interrogerez la veuve. Ne me regardez point, je me tiendrai en retrait et n’interviendrai qu’à mon heure.

Ainsi fut-il fait.

La veuve, encore sous le coup de l’émotion, répondait sans calcul ni réticence aux questions de Ferrière. On ne progressait point rapidement jusqu’à l’instant où la femme évoqua deux points de grande importance : trois ans plus tôt, alors qu’il était seul en son atelier, son mari avait été mystérieusement attaqué par des inconnus qui lui arrachèrent la langue. Mais, peu après, des bourses emplies d’or arrivèrent en leur logis sans qu’elle pût en expliquer l’origine.

Galand sourit, satisfait. Les choses prenaient un contour, tel un paysage émergeant du brouillard.

S’étant jusqu’ici bien gardé d’intervenir, Galand s’y décida enfin, usant de sa voix cassante à laquelle il donnait des inflexions métalliques. Il se plaça devant la veuve, lui jeta un regard glacé qui la pétrifia, puis se présenta :

— Baron Jérôme de Galand, général de la police royale.

— Monseigneur !… balbutia la femme.

— Feu votre mari, voici trois années, reçut-il quelque visite inhabituelle ?

— C’est-à-dire… Il y a bien eu ce cocher…

— Un cocher. Bien, très bien. Qui d’autre ?

— Deux cavaliers qui ne tenaient point trop à se montrer et qui semblaient des officiers.

— Des cavaliers au nombre de deux qui semblaient des officiers. C’est fort bien. Vous avez excellente mémoire. Qui d’autre ?

La femme était fascinée par Galand. Sa dureté qui s’amadouait en la voix, ces compliments – « bien, très bien… fort bien » – qui la flattaient venant d’un tel homme qui ne devait point en prodiguer souvente fois, elle ne ressentait plus qu’un désir : lui donner toute satisfaction pour que le miel coule en sa voix.

Elle répondit :

— Le carrosse !… Un beau carrosse à six chevaux ! Mais il se tenait loin et je l’ai mal vu si ce n’est qu’il devait appartenir au cardinal ou tout autre puissant seigneur.

— Laissons cela. Avez-vous vu tout d’une fois le cocher, les deux cavaliers qui semblaient des militaires et le carrosse ?

— Non point, monseigneur. Le cocher est venu seul une première fois. Une autre fois, il resta avec le carrosse et les deux cavaliers vinrent voir mon mari. Ce jour-là, tout semblait d’une grande urgence car mon mari est parti aussitôt avec eux.

— Quels visages avaient ces militaires ?

La femme réfléchit un instant :

— Je ne saurais le dire, les ayant vus bien peu de temps et oubliés depuis. Ces hommes étaient durs… Ils donnaient cette impression.

— Et le carrosse ?

— Sombre. De la boue couvrait ses flancs. La chose me surprit, car il ne pleuvait point de deux semaines.

— Mais le cocher, vous l’avez bien vu, celui-là ?

— Hélas, je ne saurais trop dire ses traits si ce n’est leur finesse étrange pour un cocher. Ses manières m’ont frappée qui étaient celles d’un homme d’une autre condition, et qu’on n’attend point de celui qui dort à l’écurie avec les chevaux.

Galand dissimula l’excitation qui le gagnait. Cette femme était précieuse. Contrôlant parfaitement sa voix, dont il savait si bien jouer, le chef de la police royale lui donna intonations d’une grande douceur :

— C’est fort bien. Mais pour nous aider plus encore, nous qui ne voulons que venger votre défunt mari, n’est-il point détail singulier qui vous ait surpris ?

La femme réfléchit. La sentant hésitante, Galand prit les devants :

— N’ayez aucune crainte, vous êtes dorénavant sous la protection de la police royale.

— Une chose, monseigneur, une chose en vérité bien étrange mais je ne l’ai point vue de mes yeux.

— De grâce, parlez, quelle que soit cette chose !

— Le cocher, lorsqu’il partit… Mon mari, qui ne pouvait plus parler, le dessina sur le sable de l’allée avec une branche cassée. Sur ce dessin, les bras étaient tout rayés. Il insista avec la branche sur ces bras et m’encouragea du geste et du regard à parler. Lorsque, cherchant à comprendre, je dis « cicatrices », il hocha la tête à plusieurs reprises et me tapa sur l’épaule avec gentillesse.

Galand contrôla parfaitement sa voix, la faisant légèrement traînante :

— Des cicatrices… Comme c’est intéressant… Quel genre de cicatrices ?… Droites ?… De côté ?… Et en quel nombre ?…

— Monseigneur, je ne les ai point comptées, il y en avait trop, beaucoup trop !… Que vous dire ?… Peut-être quinze sur chacun des bras. Et droites.

Rêveur, Galand reprit :

— Droites… Et sur chacun des bras…

Puis, d’un geste vif, il coiffa son chapeau noir et regarda la femme avec une certaine bienveillance mais sa voix retrouva sa sécheresse coutumière :

— Bien, très bien !… La messe et les funérailles de feu votre époux sont à la charge de la couronne. Merci et adieu !

Il sortit sans même écouter les paroles de la veuve, confuse devant tant d’égards.

Une fois dehors, Ferrière sollicita son chef d’un regard. Celui-ci l’encouragea d’un petit geste nerveux.

— Qu’en pensez-vous, monsieur le baron ?

Galand haussa les épaules.

— Ferrière, lorsque nous sommes seuls, laissez de côté cet encombrant baron.

— Mais comment dois-je vous appeler, alors ?

— Eh bien ne m’appelez point. Quant à ce que je pense, c’est assez simple. Le cocher aux cicatrices, c’est semblable témoignage à celui d’un certain Theulé, voilà trois ans. L’homme, ce prétendu cocher, existe bien, il est la créature de l’Écorcheur et l’Écorcheur s’intéresse, ou s’est intéressé, à madame de Santheuil…

— Quelle étrangeté, ces cicatrices !

— Au moins, mon bon Ferrière, cela se remarque.

— Si j’ai bien compté, en les deux bras, cela fait près de trente. Comment une telle chose est-elle possible ?

Galand, amusé, observa Ferrière de ses yeux rusés. Ferrière fut pénétré de l’intelligence foudroyante qui émanait de ce regard. De toute sa vie, il n’avait à ce point admiré un homme, aussi écouta-t-il attentivement le baron lorsque celui-ci expliqua :

— L’Écorcheur est un grand seigneur. Son cocher, à entendre Theulé et à présent la veuve du maître verrier n’est point cocher mais gentilhomme. C’est… Que sais-je ?… Un colonel ?… Un baron, comme je le suis moi-même ? Qu’importe ! Ces cicatrices sont des coups de stylet, ceux-là mêmes qui servent à écorcher les victimes qu’il s’amuse à impressionner en essayant ainsi son instrument sur son soi-disant cocher.

— Mais d’où vous vient cette certitude ?

— De l’expérience. Retenez la chose, Ferrière : un bon policier doit tout savoir de son sujet.

— Je ne comprends point…

Galand se baissa et cueillit un crocus.

— L’Écorcheur s’amuse. Qu’est-ce qu’un coup de stylet ?

Il souleva sa manche ; trois cicatrices rayaient son avant-bras. Il reprit :

— Mais oui, Ferrière, j’ai essayé !… C’est à peine douloureux lorsque c’est infligé à la volée en un geste vif. Du sang, un pincement, rien de plus. Mais regardez plus haut…

Ferrière observa une cicatrice différente, longue, boursouflée et de très vilain aspect.

Galand porta le crocus à ses narines, sembla très déçu par son parfum, le jeta par-dessus son épaule d’un geste négligent et expliqua sobrement :

— J’ai tenté de m’écorcher. C’est très grande souffrance et vous le savez, Ferrière, je ne suis point un lâche. Aussi je pense que les victimes souffrent moins qu’on ne le croit, s’évanouissant sans doute sous la douleur… Mais voyez-vous, mon ami, il en est du stylet comme du chat : sa patte est douce, ou elle griffe cruellement. Tout se décide par la manière.

— Mais… Pourquoi tout cela ?

Le baron de Galand monta en selle, puis se pencha vers son lieutenant :

— L’Écorcheur considère le crime comme un art. Il faudra s’en souvenir, Ferrière, il faudra s’en souvenir !

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